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Les pathologies du voyage et d’importation: les tropiques en toute sécurité

La perspective d’un voyage vers de lointaines contrées pousse à se poser plusieurs questions sur le plan sanitaire, a fortiori s’il revêt un caractère aventureux.

07/08/2017 11:24am

La perspective d’un voyage vers de lointaines contrées pousse à se poser plusieurs questions sur le plan sanitaire, a fortiori s’il revêt un caractère aventureux. Quelles vaccinations prévoir? Faut-il s’inquiéter de la malaria? Quels parasites faut-il redouter? Le Docteur Charlotte Martin (Service de Maladies Infectieuses, CHU Saint-Pierre, Bruxelles) évoque les principales mesures à prendre pour profiter pleinement du dépaysement.

Pas de last minute!


«La préparation à un voyage en zone tropicale ou subtropicale doit idéalement débuter au moins 1 mois avant le départ», souligne Charlotte Martin, avant de poursuivre: «La plupart des schémas vaccinaux requièrent en effet un délai d’au moins 2 semaines avant d’apporter la protection souhaitée et nécessitent plusieurs injections. Nous pouvons bien entendu adapter notre attitude pour les voyageurs qui ne sont pas suffisamment prévoyants, mais la stratégie mise en place dans ces conditions est loin d’être optimale.»

Quels vaccins?

La première étape consiste à vérifier le statut vaccinal de base: tétanos, rougeole, polio… Rappelons que la vaccination contre la rougeole, infection qui a fait sa réapparition en Belgique mais sévit également dans plusieurs pays tropicaux, requiert 2 injections: la première à 1 an, la seconde vers 11-12 ans. Si l’injection à 12 mois est généralement bien documentée dès lors qu’elle s’inscrit dans le schéma de vaccination conventionnel des enfants en bas âge, les informations concernant la seconde injection sont souvent plus lacunaires: les visites assidues chez le pédiatre ne sont souvent plus qu’un lointain souvenir tandis que la programmation de la seconde injection en milieu scolaire n’est pas systématique… Cette seconde dose est pourtant importante car une dose unique ne suffit pas: la première injection procure une immunité initiale mais celle-ci tend à disparaître avec le temps. Dans le doute, une sérologie peut s’avérer utile… Tout comme l’injection d’emblée d’une dose de rappel. L’immunité du voyageur vous sera reconnaissante de l’avoir revigorée. Le vaccin contre la rougeole est efficace et bien toléré, avec comme seule contre-indication
majeure un état d’immunosuppression.

Polio

Charlotte Martin: «Je ne vous apprendrai rien en vous disant que la vaccination contre la polio est obligatoire dans notre pays. Un rappel à l’âge adulte est recommandé si vous vous rendez en Afrique, plus particulièrement dans les pays d’Afrique de l’Ouest, tel le Nigéria, au Laos, au Pakistan, en Afghanistan ou dans le Nord de l’Inde. Si vous vous rendez au Pakistan ou en Afghanistan, il vous sera demandé de présenter un document attestant qu’un rappel de vaccination contre la polio a bien eu lieu au cours de l’année précédente.»

Le site web de l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers permet de prendre connaissance des vaccins, obligatoires ou recommandés, pour les différentes destinations (www.itg.be). Les informations y sont très détaillées. Elles mentionnent les zones plus à risque au sein des différents pays, font un tour d’horizon des pathologies à considérer en fonction des différentes régions du monde, précisent la manière de s’en prémunir…

La fièvre de Rio

Le vaccin contre la fièvre jaune est obligatoire pour plusieurs pays d’Afrique sub-saharienne et d’Amérique du Sud. Une épidémie importante s’est déclarée il y a quelques mois au Brésil, dans des zones où la fièvre jaune n’existait pas auparavant et pour lesquelles la vaccination n’était pas requise. C’est ainsi que cette vaccination est aujourd’hui recommandée, même pour les voyageurs qui ne se rendent qu’en zone urbaine, plus particulièrement à Rio ou à Sao Paulo.

La vaccination contre la fièvre jaune ne doit avoir lieu qu’1x au cours de la vie et n’est donc plus à répéter tous les 10 ans, sauf si l’injection initiale a été effectuée dans des conditions particulières: immunosuppression, grossesse, vaccination avant 1 an…

En route pour la Mecque
Outre la vaccination contre la fièvre jaune, qui concerne de nombreux pays, et la vaccination contre la polio pour ceux qui se rendent au Pakistan ou en Afghanistan, il existe une troisième vaccination obligatoire. Elle concerne les pèlerins qui se rendent à La Mecque, en Arabie Saoudite, pour le Hajj ou pour d’autres pèlerinages de moindre envergure. Les autorités sanitaires d’Arabie Saoudite exigent en effet une vaccination contre les méningocoques. Elles précisent que cette vaccination doit avoir eu lieu au cours des 8 années précédentes. En termes d’immunité, il est toutefois préférable qu’elle soit répétée après 5 ans.


Ceinture de sécurité

Un voyage dans la ceinture de la méningite, qui s’étend, en Afrique sub-saharienne, du Sénégal à l’Ouest, vers l’Ethiopie à l’Est, justifie également une vaccination pour se prémunir de la méningite à méningocoques, si on part plusieurs semaines ou qu’on est en contact étroit avec la population locale.

La vaccination contre l’hépatite A est recommandée pour tous les pays tropicaux ou subtropicaux, où il y a eu des épidémies dans des hôtels 5 étoiles. L’hépatite A est généralement peu symptomatique chez les enfants mais les enfants qui s’infectent sont contagieux. Chez l’adulte à partir de 40 ans, les symptômes sont nettement plus marqués et peuvent conduire à des complications. Un mot sur la vaccination contre la fièvre typhoïde, fortement conseillée aux voyageurs à destination de l’Inde.


Et la rage?

Toute morsure de mammifère doit être lavée avec de l’eau et beaucoup de savon auquel le virus de la rage est sensible. Il faut ensuite se rendre le plus rapidement possible dans un centre de vaccinations pour y recevoir 5 doses de vaccin ainsi qu’une injection de sérum dans la plaie. «Beaucoup de pays lointains, particulièrement dans les zones reculées, n’ont pas de sérum à disposition. Voilà pourquoi il est utile de se faire vacciner avant le départ. Deux injections, et non cinq, resteront requises en cas de morsure, mais le sérum ne sera pas nécessaire», explique Charlotte Martin.

La vaccination préventive comporte 3 injections en 1 mois, pour le schéma conventionnel. Elle ne doit avoir lieu qu’une seule fois au cours de la vie.


Quoi de neuf sur le front de la malaria?


La prévalence de la malaria dans le monde diminue depuis 10 à 15 ans. Organisations publiques et privées ont multiplié les efforts pour lutter contre la maladie, à tous les niveaux: stratégies de prévention massive, développement des tests performants permettant un diagnostic rapide, à l’aide d’une tigette, et, au besoin, un traitement précoce… A cela s’ajoutent les progrès accomplis en termes d’outils pharmacologiques avec les dérivés de l’artémisinine. Ces agents diminuent de manière drastique la concentration des parasites dans le sang, ce qui conduit généralement à la guérison et freine radicalement la transmission du parasite par le moustique, moustique qui, rappelons-le, s’infecte initialement par piqûre d’un humain impaludé.

L’Afrique subsaharienne continue malheureusement à payer un tribut assez lourd à une maladie qui a presque disparu dans certains pays d’Amérique du Sud et d’Asie. Les mesures de prévention demeurent importantes pour les voyageurs qui se rendent en Afrique subsaharienne et dans les zones à risque des autres continents: dormir sous une moustiquaire, se protéger des moustiques lorsque la nuit tombe, porter des manches longues, appliquer des répulsifs sur la peau… Sans oublier le traitement préventif. Celui-ci repose sur trois molécules: la méfloquine, la combinaison atovaquone-proguanil et la doxycycline. Ces trois options ont leurs avantages et leurs inconvénients, de sorte que le choix est discuté avec le patient. Enfin, les voyageurs qui ont fréquenté des zones à risque doivent consulter rapidement si une fièvre vient à se déclarer après leur retour. «Il serait regrettable de ne pas pouvoir mettre à profit des outils médicamenteux particulièrement efficaces lorsqu’ils sont administrés précocement, alors qu’une instauration trop tardive du traitement ouvre malheureusement la porte à des complications majeures», commente Charlotte Martin.


Zika et bilharziose

Se prémunir d’une infection par le virus Zika impose des mesures de protection vis-à-vis des piqûres par le moustique Aedes qui, à l’inverse de l’anophèle, sévit principalement en journée. Il n’existe pour le virus Zika aucun traitement médicamenteux, préventif ou curatif.

L’OMS déconseille aux femmes enceintes de se rendre dans les zones à risque. L’information et les mesures de précaution sont importantes pour toutes les femmes en âge de procréer, a fortiori pour les couples qui auraient un désir de grossesse. Rappelons que le virus Zika peut être transmis par voie sexuelle.

Enfin, renoncer aux baignades dans les grands lacs vous évitera de contracter une bilharziose. Si vous n’avez pas pu résister à l’envie, un test de dépistage est conseillé 6 à 8 semaines après le retour, par une prise de sang et par examen d’urines ou de selles en fonction de la région fréquentée et du type de Schistosoma recherché.


La bonne eau

La meilleure façon de désinfecter de l’eau qui ne viendrait d’un récipient scellé est de la faire bouillir: cette mesure détruit à la fois les virus, les bactéries et les parasites. Filtres et pastilles sont utiles mais les virus trouvent généralement les moyens de passer entres les mailles du filet. Reste évidemment à avoir la possibilité de faire bouillir de l’eau… Faut-il préciser qu’une eau macroscopiquement impure doit être filtrée avant d’être désinfectée. «Chez certains voyageurs, l’attirance pour l’extrême ne connaît pas de frontières», conclut avec humour Charlotte Martin.

Source: Pharma-Sphere