En montagne, la pression atmosphérique diminue et donc il y fait plus froid qu’en plaine. En effet, chacun se rappelle de ses cours de physique de base où il est dit que plus la pression augmente plus un gaz s’échauffe. C’est exactement le même principe pour l’air évidemment. Ainsi, la pression atmosphérique baisse de 1 hectopascal (hPA) à chaque élévation de 8 mètres et la température baisse de 1°C pour toute élévation de 150m environ par rapport au niveau de la mer.
Rafales prévues…
Par ailleurs, il faut encore y ajouter le facteur éolien. Le vent est, en effet, un facteur majeur de déperdition calorique, quelle que soit l’altitude. C’est l’effet éolien ou windchill. Pour une température réelle de -10°C sans vent, le pouvoir de refroidissement d’un vent à 40km/h équivaut pour l’organisme à une température fictive de -30°C. On perd en moyenne -0,5°C par km/heure de vent. Au sommet, cela s’ajoute à la diminution de température due à la pression atmosphérique plus basse. Le troisième élément important est l’exposition au soleil. Bien entendu, les versants qui font face aux rayons de notre astre, les adrets, seront moins froids que leurs opposés, les ubacs. De plus, à cela s’ajoute un autre phénomène qui est maximal en hiver: l’incidence des rayons solaires, qui varie en fonction des saisons. La quantité d’énergie reçue peut donc varier d’un rapport de 1 à 10.
Rester au sec!
L’exposition à l’humidité joue également un rôle crucial dans la déperdition calorique. Le versant au vent, exposé à l’Ouest chez nous, reçoit plus d’averses que le versant sous le vent, protégé par une chaîne de montagnes. Enfin, l’air en montagne est plus sec qu’en plaine, même pour les versants exposés au vent. A 3.000m, l’humidité absolue est 3 fois plus faible qu’en plaine. Le corps humain peut être considéré comme étant un modèle à deux compartiments: le premier central doit maintenir une température stable pour son bon fonctionnement entre 36,5 et 37,5°C suivant le moment de la journée; le second est constitué de notre enveloppe, dont la température est variable.
Notre organisme perd de la chaleur:
• par radiation: le corps transforme son énergie en émission de rayons infrarouges; comme un radiateur, un adulte dégage environ 100watts/heure de chaleur; par temps froid, il faut éviter cette déperdition de chaleur;
• par conduction: transfert de température par contact;
• par évaporation: le corps utilise de l’énergie pour évacuer la transpiration;
• par convection: l’air qui circule sur la peau diminue la température; du coup, le corps doit consommer de l’énergie pour tenter de recréer une couche chaude.
Les mécanismes de thermogenèse et de thermolyse sont régulés en temps normal, c’est-à-dire en dehors des périodes fébriles, par l’hypothalamus. La thermogenèse s’opère principalement par la mise en action de la masse musculaire, soit volontairement par des exercices, soit de manière impérieuse par des frissons. Par ailleurs, une baisse de la thermolyse survient grâce à la vasoconstriction cutanée permettant de réduire la perte calorique au niveau central, mais provoquant aussi une sensation de froid au niveau des extrémités.
Comme les extrémités permettent aussi les échanges de chaleur, il faudra les protéger: bonnet et gants sont donc essentiels.
Que faire?
Vu tous ces éléments, la prévention à l’exposition au froid s’impose de différentes manières. Les vêtements doivent répondre au principe des trois couches. De l’intérieur vers l’extérieur, la première couche de vêtements doit servir à évacuer la transpiration vers l’extérieur. En effet, si le corps reste mouillé, il perd de la chaleur. Les fibres synthétiques sont efficaces. Le vêtement doit être fin et ajusté, comme une seconde peau. Celui-ci doit couvrir le torse et les jambes. Tous les spécialistes le disent: éviter les vêtements en coton, car ils retiennent l’humidité. Il faut adapter ses vêtements à la température extérieure: inutile de s’habiller de manière excessive. La deuxième couche apporte la chaleur, elle est constituée de vêtements permettant d’emprisonner l’air dans ses mailles. Les vêtements dits «polaires» sont efficaces et il en existe de différentes épaisseurs en fonction de la température extérieure. La couche la plus extérieure isole les deux premières du milieu ambiant: de l’humidité et du vent. Les combinaisons imperméables, ou vestes et pantalons, mais perspirantes que l’on fabrique aujourd’hui sont efficaces. Ils permettent d’évacuer la transpiration tout en restant étanches. Certains sont équipés de tirettes spéciales permettant d’évacuer le trop-plein de chaleur. On l’a compris, si ce sont les extrémités qui permettent aussi les échanges de chaleur, il faudra les protéger aussi. C’est une évidence, mais le bonnet est indispensable ou la cagoule sous le casque de ski. En effet 30 à 40% des déperditions caloriques passant par notre tête. De même les gants sont essentiels. On les choisira étanches, car mouillés ils ne servent plus à rien… Les moufles sont plus efficaces et à conseiller pour les enfants. L’utilisation de sous-gants en soie peut-être intéressante pour les plus sensibles ou par très grand froid.
Quels conseils donner aux patients?
• Boire des boissons chaudes: soupe, thé ou café apportent beaucoup de chaleur.
• Hydratez-vous! La lutte contre le froid nécessite de l’énergie et la thermogenèse consomme de l’eau. Comme dans la pratique sportive, il est nécessaire de boire avant d’avoir soif.
• Ne consommez pas d’alcool et ne vous frictionnez pas. Ces deux erreurs sont fréquentes: toutes deux entraînent une vasodilatation, le sang afflue vers les extrémités, réchauffant pieds et mains, mais entraîne dans la foulée une perte calorique.
• S’abriter du vent quand on le peut, car le vent augmente la sensation de froid;
• Bouger, faire quelques mouvements pour se réchauffer, moulinets avec les bras, flexions des jambes…
• Pour réchauffer quelqu’un, il ne faut pas hésiter à utiliser sa propre chaleur corporelle… si les vêtements ne suffisent plus.
• Se nourrir de manière équilibrée, bien boire, se vêtir intelligemment.
Pensez aux enfants!
À 10 mois, il est préférable de rester en moyenne montagne afin d’éviter les trop grands écarts de température. Après 2 ans, l’enfant pourra monter au-dessus de 2.500m, en prenant garde toutefois au mal aigu des montagnes et à la présence d’affections ORL qui peuvent être source de problèmes lors d’une montée trop rapide. Pour le tout-petit, privilégier les promenades aux heures les plus chaudes, en l’emmitouflant bien sous une combinaison avec moufles et bonnet, sans oublier les lunettes solaires et une crème adaptée à son type de peau. Vous le transporterez dans son sac à dos ou vous le tirerez sur une luge, de préférence surélevée pour qu’il soit isolé du sol. Si les températures sont négatives, vous pouvez faire de très courtes promenades au soleil. Vers 2 et 3 ans, les premières activités sont possibles, mais de courtes durées, les jardins d’enfants d’hiver organisés dans les stations sont parfaitement adaptés. Entre 3 et 14 ans, les mêmes règles concernant le froid, l’alimentation ou l’hydratation doivent être appliquées que pour les adultes. Il faudra tenir compte de leur fatigue et prévenir tout abus d’activités.
Pierre Dewaele
Source: Pharmas-sphère