Depuis quelques mois, certains clients se promènent dans les rayons de pharmacie, Smartphone à la main, scannant les codebarres des soins cosmétiques. C’est le nouveau phénomène des applications, qui identifient les substances indésirables dans les produits dermocosmétiques. Leur credo? Décrypter les formulations utilisées par les laboratoires, afin d’identifier d’éventuelles substances à risque. «Ajoutez à cela des listes d’ingrédients sur les packagings impossibles à décrypter car écrites le plus souvent en latin, et vous obtenez un manque de transparence que les applications viennent combler pour aider les consommateurs à choisir les bons produits», explique Julie Chapon, cofondatrice de Yuka, une application qui a construit son succès sur l’évaluation des produits alimentaires et qui a intégré la fonctionnalité cosmétique en juin 2018.
Un fonctionnement simple et participatif
Le fonctionnement est simple. Un scan du code-barres permet d’extraire la liste d’ingrédients contenus dans les produits alimentaires ou cosmétiques et d’évaluer leur impact sur la santé. Le produit est ainsi classé de «médiocre» à «bon», en fonction de différents critères dont les résultats sont repris dans une fiche détaillée. Automatiquement, une couleur s’affiche, allant du vert (le produit est safe ou sain) au rouge (le produit le plus toxique). Dès qu’un ingrédient dit toxique (rouge) est présent, la note finale sera automatiquement dans le rouge! Si le résultat est rouge, l’application propose des solutions alternatives classées vertes.
Pas de recommandations d’expert scientifique
Comment sont définis ces notes et codes couleurs? «On se base sur les sources scientifiques reconnues sur ces questions l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), la TEDX list sur l’aspect cancérigène, les avis du Centre international de recherche sur le cancer (Circ)», répond Julie Chapon. «En dessous de chaque ingrédient, une description et la liste des sources scientifiques, et des solutions alternatives sont proposées.» Aucun scientifique, aucun médecin ne travaille dans l’évaluation des produits Yuka.
Les limites de l’app
Yuca fonctionne en scannant le code-barres, qui n’est pas un outil pertinent. En effet, un tiers des formules changent tous les ans et 10 à 15% sont entièrement renouvelées. Autre limite, les composants définis comme toxiques ne sont pas les mêmes selon les applis. Une même crème anti-âge serait à mettre à la poubelle selon Yuka, alors qu’elle recueille le feu vert de QuelCosmetic. Cette incohérence est liée à l’utilisation de référentiels ou algorithmes différents. Ces applis confondent également risque toxique pour l’humain et risque environnemental. Autre erreur, l’algorithme n’inclut pas le mode et la surface d’application, l’âge, la posologie, à qui s’adresse le soin… autant de paramètres essentiels dans le choix d’un soin. Quant aux alternatives proposées, elles sont très souvent éloignées du produit épinglé. Mais de l’avis des dermatologues, le réel danger est qu’à force de trop inquiéter, ces applications pourraient encourager l’emploi de soins inadéquats ou voire pire, d’arrêter un traitement. Ainsi, par exemple, Yuca classe les soins solaires de toutes marques confondues dans le rouge! Quand on connaît la progression inquiétante des cancers, on comprend très vite le réel danger si le patient devait suivre les recommandations de YUCA. Cette app pourrait donc écarter les messages importants de prévention.
Phn Nathalie Evrard
Source: Pharma-Sphère