Le soleil, la montagne et la neige ravissent les vacanciers. Cependant, les rayons solaires n’impactent pas de la même manière la peau en plaine qu’en montagne. L’altitude joue un rôle crucial. Comme la quantité d’air à traverser est moins haute et que l’air est moins dense (à cause de la pression plus basse), il y a moins d’absorption des UV. Dès lors la quantité d’UV est plus importante. Ainsi, on considère généralement que la quantité d’UVB augmente de 4% tous les 300m par rapport au niveau de la mer. À 1.800m, elle est donc 24% plus grande. Par ailleurs, la réverbération sur la neige intensifie le rayonnement de près de 90% alors que cette intensification n’est que de 20% sur le sable et 4% pour une pelouse bien verte. Par ailleurs, il fait plus froid en montagne qu’en plaine ou qu’a fortiori à la plage. Or, le froid et le vent font souvent oublier le soleil… il est donc important de se souvenir de se protéger mieux à la montagne que dans tout autre endroit de villégiature.
Tout protéger et souvent!
L’avantage en hiver est que les zones à protéger sont moins étendues. Néanmoins, il est essentiel d’appliquer des couches plus épaisses de protection solaire. On conseille d’utiliser des indices allant de 30 à 50+. Il est nécessaire de choisir un produit dermatologique protégeant contre les UVA et les UVB. Il est par ailleurs nécessaire de les remplacer chaque année. Les applications devraient être répétées toutes les deux heures sur tout le visage en insistant sur les oreilles et le nez. Pour les lèvres, des baumes spécifiques existent; ils sont hydratants, résistants à l’eau et offrent une bonne protection UV. Un bon moyen de favoriser le renouvellement de la crème est l’usage de crèmes en sticks, qui sont faciles à transporter et qui sont plus ludiques qu’un tube. Cela peut favoriser leur usage par les enfants et les ados.
Pour les enfants, on conseille d’utiliser des crèmes avec un indice 50+ présentant une formulation de haute tolérance afin de limiter les allergies. Ces crèmes sont spécifiques, car elles sont plus grasses, permettant de prévenir une déshydratation plus rapide de leur peau plus fragile.
Ces conseils sont valables également par temps couvert, car un ciel voilé, voire nuageux, laisse encore passer 90% des UV.
Est-il utile de rappeler que les coups de soleil provoquent un vieillissement prématuré de la peau et que les cancers cutanés sont associés à une exposition prolongée au soleil? Enfin, il est indispensable d’utiliser une crème hydratante après être rentré d’une journée à l’extérieur.
Jamais sans mes lunettes!
Il n’y a pas que la peau. Masque, lunettes sont indispensables pour partir en montagne et surtout en hiver. En effet, nos yeux sont en permanence en contact avec la lumière solaire provenant directement de notre astre, mais aussi de la réverbération de celle-ci sur la neige. La question est alors de savoir ce que l’on risque! Comme pour la peau, une exposition prolongée au soleil sans protection engendre un vieillissement de l’œil et la survenue de pathologies comme la presbytie, la cataracte, mais aussi la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), notamment.
N’oublions pas que les paupières font partie du tissu cutané et qu’à ce titre, elles peuvent également développer tous les cancers que l’on connaît à ce niveau.
Les yeux pleurent…
Les muqueuses qui tapissent la face interne des paupières et le blanc de l’œil peuvent subir une inflammation susceptible d’entraîner un épaississement disgracieux et douloureux ainsi que des conjonctivites. La cornée insuffisamment protégée peut, quelques heures après une exposition au soleil sans protection être victimes de kératites. Ce sont les inflammations qui touchent la partie superficielle du globe oculaire, donc l’iris et la partie blanche autour de l’iris. Elles se manifestent par un globe oculaire rouge associé à une perte visuelle transitoire. Elles peuvent être associées à une photophobie. Ces lésions sont douloureuses et, sans traitement, peuvent provoquer une kératite chronique. Si ces manifestations sont présentes, on peut conseiller de rafraîchir les paupières avec des compresses et éviter les sources de lumière forte. Le paracétamol ou l’ibuprofène peuvent aider. Si les douleurs sont trop fortes, un collyre peut aider. Une consultation chez le médecin peut être utile.
Le cristallin peut également être lésé par les UV avec pour conséquences une apparition plus précoce de 5 à 10 ans de la cataracte qui est une opacification du cristallin. Pour la petite histoire, c’est la fréquence des cataractes chez les souffleurs de verre qui a permis de déterminer la responsabilité de la lumière comme cause de cette affection.
La rétine dans tous ses états
Enfin, la rétine est également sensible. Les rétinopathies et les maculopathies, dont la fameuse dégénérescence maculaire liée à l’âge, sont des atteintes irréversibles. Elles provoquent une cécité progressive qu’il est possible de combattre par différents traitements, mais si on obtient une stabilisation, une récupération de ce qui a été perdu est impossible. C’est tout l’intérêt d’une bonne prévention. D’ailleurs, on sait que les cas de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) sont en augmentation et que celle-ci est favorisée par une accumulation des doses d’ultraviolets, soit à cause d’expositions répétées au soleil sans protection soit aux rayonnements artificiels des bancs solaires. Les masques sont préférables aux lunettes, car ils couvrent une surface plus importante et permettent aussi le port de lunettes correctrices adaptées à la pratique sportive. L’autre solution est de porter des lunettes correctrices et protectrices ou des lentilles de contact sous les lunettes ou le masque. En ce qui concerne les lentilles, on préférera des lentilles souples journalières qui offrent une meilleure oxygénation. De plus, elles sont plus simples à mettre.
Quelles lunettes choisir?
Comme pour la peau, le choix des lunettes doit être adapté à l’ensoleillement. Il faudra choisir des lunettes ou un masque d’indice de protection 3 ou 4. Pour mémoire, l’indice le plus élevé est 4. Des lunettes de ce type sont interdites pour conduire un véhicule. Ce sont des lunettes dites «glacier». Elles sont parfaitement adaptées pour la montagne. On peut également utiliser les protections d’indice 3. On distingue plusieurs types de verres filtrants : les verres dits minéraux se rayent peu, mais sont sensibles aux chocs, alors que les verres organiques sont légers et résistants aux chocs. Il convient de vérifier si les lunettes ou le masque comportent bien la marque CE.
On l’aura compris, si le soleil est un bienfait et un plaisir en montagne, il peut s’avérer aussi un redoutable ennemi pour la peau et les yeux. Il serait dommage de gâcher des vacances ou pire…
Isabel Marilles
Source: Pharma-Sphère