Cystite aiguë simple
Il s’agit d’une infection de la vessie. Elle s’accompagne presque toujours d’une urétrite. La qualification de «simple» s’applique aux cystites aiguës survenant chez une femme adulte, par ailleurs en bonne santé, non ménopausée et non enceinte. Les signes sont typiquement représentés par des brûlures mictionnelles, une gêne ou des douleurs sus-pubiennes, une pollakiurie (besoins d’uriner anormalement fréquents), des impériosités, avec ou sans incontinence et des urines troubles, avec ou sans hématurie. Une cystite est qualifiée de récidivante à partir de 4 récurrences par an.
Cause
Dans plus de 80% des cas, la cause est une bactérie intestinale, de type Escherichia coli. Les autres bactéries fréquemment retrouvées sont Proteus mirabilis, Staphylococcus saprophyticus et Klebsiella. La pathogénicité des infections urinaires commence par l’adhérence des bactéries à l’épithélium urogénital, suivie par la multiplication bactérienne et la colonisation du tractus urinaire. Grâce à ses propriétés d’adhérence dues à ses fimbriae (fibres protéiques), Escherichia coli uropathogène va remonter dans la vessie via l’urètre et empêcher son élimination par le flux urinaire.
Incidence
La fréquence des infections urinaires dépend de l’âge et du sexe, les femmes étant beaucoup plus touchées que les hommes, en raison de la proximité entre l’anus et le méat urinaire et d’une plus courte longueur de l’urètre (à peine 4cm), qui facilite la contamination de la vessie par les bactéries. On estime généralement qu’environ 40% des femmes auront au moins une infection urinaire au cours de leur vie et que 2 à 3% en auront au moins une chaque année.
Test diagnostique
Des examens complémentaires simples tels que l’utilisation de bandelettes urinaires analysant à la fois les nitrites, la présence de globules blancs et les globules rouges, ou l’examen du sédiment urinaire permettent de confirmer le diagnostic. Il convient d’utiliser des urines fraîches ou des urines conservées pendant 24 heures tout au plus au réfrigérateur. La valeur prédictive négative (VPN) du test de la tigette est de 95%, et est donc fiable. En cas d’échec thérapeutique ou de suspicion d’infection urinaire compliquée, une culture urinaire doit être effectuée sur le premier jet d’urine de la journée.
Avant tout, rappeler les conseils d’hygiène
• Boire. Il faut boire environ 1,5 litres/j par petites quantités et avoir des mictions régulières, même si la vessie possède de grandes capacités de compliance. Évitez les alcools blancs, la bière, le thé, le café.
• Acidifier les urines en consommant de la vitamine C ou certains aliments riches en vitamine C.
• Nettoyer le périnée d’avant en arrière après être allé à la selle. Ne pas utiliser des savons antiseptiques sans avis médical et jamais au long cours. Ne pas faire d’irrigations vaginales. Utiliser un produit d’hygiène intime doux.
• Traiter et prévenir la constipation et les diarrhées.
• Si les infections urinaires sont récidivantes après des rapports sexuels, il est nécessaire pour la patiente d’effectuer une miction post-coïtale.
• Le manque d’imprégnation oestrogénique après la ménopause, en l’absence de THS, fragilise la muqueuse et favorise le risque de cystite.
• Changer régulièrement de sous-vêtements, en évitant les fibres synthétiques (qui peuvent favoriser un environnement chaud et humide), au profit du coton.
Traitement
Dans l’infection urinaire simple, le choix du traitement va dépendre de facteurs tels que la concentration du médicament dans les urines, ses effets indésirables et son coût, ainsi que l’apparition et le développement de résistances. Pour la plupart des antibactériens, il a été démontré qu’un traitement en une seule prise («traitement minute») est moins efficace qu’un traitement plus long par le même antibactérien, et est donc moins recommandé.
Les nitrofuranes restent un premier choix dans le traitement des infections urinaires simples. Ce sont les seuls médicaments vis-à-vis desquels la résistance bactérienne est restée faible, et ce malgré leur utilisation depuis de nombreuses années. La durée de traitement recommandée varie de 3 à 7 jours. Les principaux effets indésirables des nitrofuranes consistent en des troubles gastro-intestinaux et des réactions allergiques, et rarement en un syndrome pulmonaire aigu (dyspnée, toux, fièvre, douleur thoracique et éosinophilie).
Les fluoroquinolones, telles la ciprofloxacine, la norfloxacine, l’ofloxacine et la lévofloxacine sont efficaces, mais ce ne sont pas des médicaments de premier choix dans le traitement de l’infection urinaire simple. En effet, leur utilisation croissante est associée à une augmentation du risque d’apparition de résistances. Il est dès lors recommandé en pratique ambulatoire de réserver les fluoroquinolones au traitement des infections urinaires compliquées. Les principaux effets indésirables des fluoroquinolones consistent en des troubles gastro-intestinaux, des éruptions cutanées, des tendinites avec parfois rupture tendineuse. Un allongement de l’intervalle QT avec risque de torsades de pointes a été décrit avec certaines fluoroquinolones (lévofloxacine et moxifloxacine), et ne peut être exclu pour les autres fluoroquinolones.
La fosfomycine, en une seule prise de 3g en dehors des repas, la vessie vide, peut être utilisée pour le traitement des infections urinaires non compliquées. Elle ne devrait être utilisée qu’en deuxième intention. En cas d’infections urinaires récidivantes, un traitement prophylactique basé sur l’antibiogramme peut être envisagé pendant au moins 6 mois.
Et à la pharmacie?
Lors de gêne occasionnelle ne nécessitant pas d’antibiothérapie, le pharmacien peut prendre en charge une cystite aiguë non compliquée. Le traitement doit être mis en œuvre dès les premiers signes de gêne. Si aucune amélioration n’est constatée après 24h, le patient sera référé vers un médecin. Parmi les différentes solutions à proposer au patient, citons:
• la feuille séchée de busserole: elle est traditionnellement utilisée pour favoriser l’élimination rénale de l’eau et dans le traitement des symptômes associés aux infections urinaires bénignes récidivantes de la femme; la busserole contient 6-18% de dérivés d’hydroquinone, dont le principal est l’arbutoside, un antiseptique naturel;
• l’extrait de fleur d’Hibiscus sabdariffa: cette plante est riche en polyphénols bactériostatiques, incluant des flavonoïdes, des sambubioanthocyanidines et des proanthocyanidines – ces principes actifs sont antiseptiques;
• l’association xyloglucane/gélatine: elle exerce une fonction barrière en formant une pellicule protectrice sur la paroi intestinale ainsi que leur prolifération; la migration vers le méat urinaire est freinée et il y a un contrôle de l’infection urinaire à E. coli;
• le D-mannose: c’est un épimère du glucose qui empêche de manière significative et complète l’adhésion des agents pathogènes à l’épithélium urinaire; ce sucre prévient également l’adhésion de E. coli à l’épithélium de tout l’arbre urinaire, avec une efficacité comparable après 6 mois à celle de la nitrofurantoine; le D-mannose a donc la particularité de prévenir et de traiter la cystite;
• la canneberge empêche les bactéries d’adhérer aux parois des voies urinaires et, par conséquent, de s’y développer; elle prévient uniquement l’adhésion des bactéries aux parois du tractus urinaire par inhibition des différentes adhésines, et ce de façon dose-dépendante.