Ces infections touchent 50 fois plus les femmes que les hommes, ce qui s’explique notamment par le fait que l’urètre est plus court chez celles-ci. La prévalence d’infections urinaires aiguës sans complications varient entre 30 à 50 pour 1.000 femmes adultes. Par ailleurs, le risque d’infection urinaire augmente avec l’âge. D’après une étude néerlandaise, l’incidence annuelle de ces infections augmente jusqu’à près de 200 pour 1.000 femmes par an à partir de 75 ans. Globalement, on peut dire qu’une femme sur deux développera au moins une fois dans sa vie une infection symptomatique des voies urinaires.
On a longtemps cru que l’urine était un liquide stérile. On sait depuis peu qu’en fait le microbiote urinaire constitue un facteur protecteur important des voies urinaires. Des bactéries peuvent donc se trouver à l’état physiologique dans l’urine. Par ailleurs, un certain nombre de femmes présentent également une bactériurie asymptomatique.
C’est pourquoi il est important de bien évaluer les plaintes, les craintes et surtout d’identifier les signaux d’alertes.
Une cystite n’est pas l’autre
On distingue les cystites simples des cystites compliquées et des cystites récidivantes.
Les premières sont des infections urinaires qui surviennent chez une personne sans facteur de risque particulier, sans anomalie organique et sans antécédent d’infections urinaires survenues dans les 3 mois précédents. Il n’y a pas de fièvre, ni de douleurs lombaires.
On parle de cystite à risque de complications ou compliquées s’il existe une anomalie de l’arbre urinaire organique ou fonctionnelle, une pathologie sous-jacente comme un diabète, une immunodépression, une insuffisance rénale, lithiase rénale, etc., ou un terrain particulier non pathologique comme une grossesse.
On parle de cystite récidivante lorsqu’elle survient plus de 3 fois en 12 mois ou en cas de deux épisodes en 6 mois.
Quelles sont les personnes à risque?
On l’a dit, les femmes sont les plus à risque mais ces infections n’épargnent ni les hommes ni les enfants.
Questions à poser
• Avez-vous déjà souffert de troubles ou d’infections urinaires?
• Présentez-vous un diabète?
• Avez-vous de la fièvre?
• Avez-vous des douleurs lombaires non explicables?
• Êtes-vous enceinte?
• Êtes-vous ménopausée?
• Souffrez-vous d’un prurit génital?
• Souffrez-vous de troubles prostatiques?
• Souffrez-vous d’incontinence?
Sont donc particulièrement sujets à ces infections:
• les personnes ayant déjà souffert d’une infection des voies urinaires par le passé;
• les personnes atteintes de diabète (contrôlé ou non), ce dernier augmentant le risque de 2 à 6%;
• les personnes souffrant d’incontinence urinaire;
• les femmes sexuellement actives; le coït, avec ou sans préservatif, augmente le risque d’infections urinaires;
• les femmes enceintes: 4 à 10% d’entre elles seraient concernées par une infection urinaire au cours de leur grossesse;
• les femmes ménopausées;
• les hommes avec un trouble prostatique, en raison d’un mauvais vidange de la vessie; une évaluation par un médecin devrait donc être conseillée;
• les enfants présentant une anomalie fonctionnelle ou anatomique des voies urinaires. Il convient donc de référer sans tarder vers le médecin généraliste ou le pédiatre.
Parmi les autres causes, on retrouve encore les troubles du transit (aussi bien la diarrhée que la constipation), les troubles du comportement mictionnel (retenue, mictions rares), une hygiène imparfaite ou excessive, l’incontinence, etc.
Conseils à l’officine
• Boire beaucoup, dès l’apparition des premiers symptômes et durant toute la durée du traitement: un volume d’eau au moins égal à 1,5 litre par jour, car le flux urinaire diminue la charge bactérienne.
• Aller aux toilettes régulièrement, bien vider la vessie. Aller uriner rapidement après chaque rapport sexuel et au coucher, en s’essuyant toujours de l’avant vers l’arrière.
• Éviter d’avoir des rapports sexuels jusqu’à la disparition des symptômes.
• Utiliser un nettoyant doux pour l’hygiène intime, non antiseptique.
• Éviter les douches vaginales, produits d’hygiène intime parfumés et les bains moussants.
• Porter des pantalons amples et des sous-vêtements en coton, et éviter les matières synthétiques.
• Changer de protections hygiéniques régulièrement durant les règles.
• Traiter tout trouble digestif: diarrhées ou constipation.
• Préférer les analgésiques aux anti-inflammatoires en dehors d’un avis médical.
Prise en charge
À côté des conseils généraux que l’on peut prodiguer en tout temps (encadré), il est possible de prendre en charge une cystite aiguë non compliquée lorsqu’il s’agit d’un épisode occasionnel. L’objectif est de réduire la symptomatologie et non de prévenir une évolution – extrêmement rare chez l’adulte – vers la pyélonéphrite aigüe.
Ce traitement doit être mis en œuvre dès les premiers signes de gêne. Si aucune amélioration n’est constatée après 24h (ou 48h), le patient devrait être référé sans tarder vers un médecin.
Parmi les traitements non antibiotiques, on peut citer la feuille séchée de busserole, l’extrait de fleur d’Hibiscus sabdariffa, l’association xyloglucane/gélatine, le D-mannose et la canneberge. La proposition d’arbre décisionnel et les questions à poser au patient devraient permettre de le conseiller au mieux et d’entamer éventuellement un premier traitement.
Pierre Vervaecke
Source: Pharma-Sphère