L’allergie aux protéines du lait de vache se manifeste le plus souvent par une dermatite atopique fréquemment accompagnée de signes digestifs. Des pleurs du nourrisson après le biberon, un retard de croissance staturo-pondéral constituent des signes d’appel. Les formes digestives comme l’œsophagite à éosinophiles, les gastro-entérites sont également possibles. Les cas d’anaphylaxie ne sont pas exceptionnels. Une fois le diagnostic établi, un régime d’éviction est proposé ainsi qu’une substitution par différents aliments lactés (hydrolysats poussés de caséine et de lactosérum, mélanges d’acides aminés, hydrolysats poussés de riz). Mais il y a d’autres situations…
Le lait de vache contient 35 à 40g de protéines et après coagulation on distingue 2 fractions:
- le lactosérum ou petit lait (20% des protéines) où l’on identifie la béta-lactoglobuline (10%), l’alpha-lactalbumine (5%), les immunoglobulines (3%), la sérumalbumine bovine (1%), la transferrine (traces);
- le coagulum ou lait caillé qui contient la caséine (80%). La caséine, qui résiste au traitement thermique, est l’allergène en cause dans la plupart des allergies persistantes au lait de vache.
L’allergie aux protéines du lait de vache concerne 1 à 2% de la population pédiatrique et même le double parmi les sujets atopiques. C’est l’allergie alimentaire qui est la première à apparaître: 30% avant l’âge de 1 mois et même 90% avant l’âge de 3 mois. Elle occupe en France la troisième place de l’allergie alimentaire chez l’enfant (8,3%), derrière l’œuf (35,7%) et l’arachide (23,6%), mais devant le poisson (4,3%). En ce qui concerne les anaphylaxies alimentaires colligées par le Réseau d’Allergo-Vigilance, les allergies aux laits de mammifères représentent 14,6% des formes sévères de l’enfant et seulement 2,4% des formes sévères de l’adulte.
Si l’évolution est le plus souvent favorable, avec une guérison spontanée de 75% à l’âge de 3 ans et de 91% à l’âge de 8 ans, il est des cas où des protocoles de tolérance permettent d’obtenir alors une guérison (voie sublinguale, voie orale, combinaison des deux successivement).
L’intolérance au lactose
Le lactose est le sucre du lait: les laits de vache, de brebis et de chèvre en contiennent environ 50g/l et on atteint même 70g/l dans le lait humain. Le lactose est formé par une molécule de glucose et de galactose. Pour être absorbé par l’organisme, il doit être scindé en deux grâce à l’action d’une lactase qui se situe dans la bordure en brosse des cellules de la muqueuse de l’intestin grêle. L’activité de la lactase est maximale à la naissance pour diminuer ensuite à partir du sevrage vers l’âge de 5 ans; ceci est génétiquement déterminé et concerne 70% de la population mondiale.
L’expression de l’activité lactasique peut toutefois persister en raison de l’adaptation du génome humain à son environnement; les peuples se nourrissant du lait de leurs troupeaux (Peuls ou Bantous d’Afrique) ont une activité lactasique conservée contrairement aux asiatiques ou esquimaux pour qui le lait n’est qu’un aliment du nourrisson. L’intolérance au lactose affecte jusqu’à 90% de certains peuples africains et asiatiques et seulement 15% des européens.
A côté du déficit physiologique considéré comme primaire, le déficit en lactase peut être secondaire à toute altération de la muqueuse intestinale. C’est le cas des pathologies aiguës infectieuses (gastro-entérite virale ou bactérienne) ou des affections chroniques de l’intestin comme les MICI, la maladie cœliaque, les allergies alimentaires à formes digestives.
Lorsque l’activité de la lactase est réduite, une proportion du lactose ingéré n’est pas absorbée et par conséquent reste dans l’intestin, créant un appel d’eau et donc une diarrhée. De plus, au niveau du gros intestin, le lactose dégradé par la flore bactérienne aboutit à la formation de gaz responsables alors d’une aggravation de la diarrhée, de douleurs abdominales, de ballonnements et de gaz.
En cas de déficit en lactase, dans les 2 heures suivant l’ingestion d’un aliment contenant du lactose, le sujet présente des douleurs abdominales, des ballonnements et une diarrhée. Le diagnostic est essentiellement clinique et les explorations complémentaires sont le plus souvent inutiles et coûteuses (mesure de l’hydrogène dans l’air expiré après consommation de lactose, étude génétique).
En cas d’intolérance au lactose, et afin d’éliminer ou d’atténuer les symptômes, il convient d’éviter les aliments lactés contenant une forte teneur en lactose en sachant qu’il existe de fortes particularités individuelles. La plupart des patients tolèrent 10 à 15g de lactose. Les yaourts contenant des probiotiques permettent une meilleure digestibilité du lactose chez les déficients. Les fromages affinés sont généralement bien supportés car pauvres en lactose.
En remplacement des laitages, il est proposé des laits sans lactose ou à teneur réduite en lactose par un procédé enzymatique ou physique d’ultrafiltration. Enfin, l’utilisation de lactase d’origine bactérienne ou fongique prise 30 à 60min avant un repas pouvant contenir du lactose peut avoir un intérêt pour les patients mangeant à l’extérieur du domicile.
Un grand nombre de médicaments (plus de 3.400) contiennent comme excipient du lactose (comprimés, suspensions buvables, poudres pour systèmes d’inhalation). La faible quantité en lactose est négligeable (quelques dizaines de milligrammes le plus souvent) et ils peuvent donc être pris sans problème par les sujets intolérants au lactose.
Les allergies à d’autres laits
L’allergie au lait de vache est souvent associée à une allergie au lait de brebis ou de chèvre: en effet, il existe une homologie de séquence des acides aminés de 85 à 90% pour les caséines et même de plus de 90% pour les protéines du lactosérum. Par conséquent, en cas d’allergie au lait de vache, il est tout à fait déconseillé de proposer la consommation de lait de brebis ou de chèvre.
Inversement, il existe des cas d’allergie aux protéines des laits de chèvre et/ou de brebis sans allergie aux protéines de lait de vache. Cette situation est de description assez récente et concerne souvent des enfants polyallergiques alimentaires qui développent des réactions cliniques fréquemment graves après ingestion de faibles quantités de protéines présentes sous formes cachées (fromages, pizzas, produits cuisinés contaminés lors de la fabrication). Ces patients tolérants au lait de vache mais allergiques au lait de chèvre sont sensibilisés vis-à-vis d’un épitope situé entre les acides aminés 49 et 79 de la béta-caséine de chèvre et ce domaine diffère de seulement 3 acides aminés dans la caséine bovine.
Des cas isolés d’allergie aux laits de buflonne et de chamelle ont été décrits.
Source: Pharma-sphere