Les acariens représentent probablement l’une des sources les plus fréquentes d’allergies dans les maisons. Ce sont des arthropodes du sous-embrachement des chélicérés et de la classe des arachnides, comme les scorpions ou les araignées. Leur nom scientifique désigne leur manière de se nourrir Dermatophagoides pteronyssinus, puisqu’ils consomment nos squames cutanées. On les retrouve partout sur Terre, pour autant qu’il fasse suffisamment humide. Notre climat tempéré leur convient particulièrement bien, mais comme ils sont quasi ubiquitaires, la personne sensibilisée peut y être confrontée lors d’un séjour à l’étranger, même lointain…
La taille de l’adulte varie entre 200 et 500µm, ce qui les rend totalement invisibles à l’œil nu. Le cycle de vie de ces acariens est intéressant à connaître afin de pouvoir opérer une éviction efficace. Ce sont des espèces sexuées et exclusivement ovipares. Les adultes vivent environ 3 mois, période durant laquelle les femelles s’accoupleront deux fois, avec une ponte de 100 œufs environ à chaque fois. Le développement complet des œufs dure environ 23 jours, mais si les conditions sont favorables (chaleur, humidité et nourriture), il peut être raccourci à 15 jours. Si les conditions sont défavorables, les nymphes peuvent survivre pendant des mois dans l’attente de leur amélioration. Ces animaux préfèrent un degré hygrométrique de 70 à 80% et une température comprise entre 22 et 25°C.
Vous ne dormez jamais seul…
C’est à l’automne que les acariens connaissent la plus forte poussée de croissance de leur population. Les chiffres font peur puisque chaque gramme de poussière peut contenir de 50 à plus de 300 individus, mais dans certaines conditions leur nombre peut dépasser 10.000, voire plus. Certains auteurs estiment que, dans un seul matelas, plusieurs millions d’acariens peuvent vivre…
Néanmoins, ces animalcules sont aussi sensibles à l’altitude. En montagne, ils disparaissent presque tous, notamment en raison du degré hygrométrique qui baisse fortement. C’est ce qui explique que les asthmatiques allergiques aux acariens voient leur état nettement s’améliorer lors d’un séjour en altitude. C’est d’ailleurs ainsi également que l’on a pu mettre en évidence le lien entre allergie et acariens.
Cependant, il serait faux de croire que ce sont ces animaux qui sont responsables de ces allergies: il s’agit plus exactement de leurs déjections (20 par individu par jour…), qui contiennent des antigènes. Ces derniers passant dans les voies aériennes, ils provoquent rhinite et asthme. Toutefois, le tableau clinique est très variable d’un individu à l’autre. D’un côté, la maladie peut se manifester par des signes discrets comme une toux nocturne légère et des éternuements matinaux. De l’autre côté, on retrouvera tout le cortège des symptômes allergiques. Et ce n’est pas rare! En Belgique, environ 10% de la population est allergique et 50 à 75% des allergiques ont un test cutané positif pour les acariens. Et il ne faudrait qu’une centaine d’individus pour que des signes cliniques apparaissent déjà.
Comment s’en défaire?
À partir de là, on comprend que les mesures préventives soient difficiles à mettre en œuvre. Ainsi, il faudrait maintenir un degré hygrométrique de 50% en permanence dans la chambre avec une température ne dépassant pas les 20°C. L’idéal est le chauffage électrique, ce qui est onéreux, mais avec une bonne aération de la pièce, il est possible d’obtenir un effet similaire avec un chauffage central. Par ailleurs, rappelons qu’une bonne isolation n’est pas antonymique d’une bonne ventilation…
La chambre à coucher et la maison en général doivent être tenues autant que possible exemptes de poussières. Cela signifie que le mobilier dans la chambre doit être aussi lisse et facile d’entretien. Le matériel synthétique est donc dans cette perspective à privilégier. Le nettoyage de la chambre doit être réalisé au moins une fois par semaine.
La literie (matelas, draps, oreillers, couette, couvertures…) doivent être choisis en matériaux synthétiques également. Le matelas devrait être disposé à au moins 25cm de hauteur du sol, laissant circuler l’air en dessous. Bannissez les tiroirs, lits gigognes et autres boîtes plastiques pour le rangement. Cependant, les matelas, même synthétiques, peuvent être infestés… Ils doivent être entretenus, nettoyés et changés régulièrement. Protège-matelas et oreillers doivent pouvoir soutenir des cycles de lavage longs au-delà de 60°C. La plupart des spécialistes conseillent d’ailleurs de changer les oreillers une fois par an. Pour les couettes et édredons, un nettoyage à sec tous les 3 mois, mais au moins au printemps et à l’automne est nécessaire si le nettoyage classique n’est pas possible.
Nettoyer et aérer!
À la moquette, il faudra préférer du parquet ou du vinyle, qui se lave facilement. Il faut éviter tapis, descente de lit et autres dans la chambre comme dans toute la maison. Notons que les nettoyages des différentes pièces ne peuvent être effectués en présence de la personne allergique et qu’une aération importante sera nécessaire par la suite. On y pense rarement, mais la voiture est aussi un lieu fermé dans lequel se développent les acariens. Les mêmes mesures préventives que dans la maison devront dès lors être prises si le véhicule est garé dans un endroit clos chauffé. Le risque est moins grand si la voiture reste dehors, en raison des gradients de température entre le jour et la nuit.
Les acaricides et les pesticides sont des méthodes efficaces pour se débarrasser des acariens. Tous ces produits vendus chez nous ont été testés et ont fait l’objet d’une autorisation de mise sur le marché. Ils sont donc, en principe, sûrs. Cependant, c’est souvent l’emploi excessif de ces produits qui pose problème. Les experts rappellent qu’il ne faut en aucun cas dépasser les doses indiquées: cela n’augmente pas l’efficacité, mais bien la toxicité éventuelle. Les assainisseurs d’air peuvent constituer une aide, mais certains diffusent de l’ozone, qui peut être très irritant pour les voies respiratoires. Enfin, les tests permettant de détecter les acariens seront intéressants afin de vérifier si les mesures d’éradication ont été efficaces ou pour constater où résident ces «charmantes» petites bêtes. Dans tous les cas, face à une personne développant une allergie, il sera conseillé de la diriger vers une consultation de pneumoallergologie pour une mise au point et la mise en œuvre d’un traitement de fond. Toute exacerbation allergique demanderait également à être référée au médecin traitant voire au spécialiste.
Pierre Dewaele
Source: Pharma-Sphère