Votre JavaScript est désactivé.

Merci de l'activer pour utiliser Pharmaid.

Suivez ce lien pour activer JavaScript ou contactez-nous.

Attention, votre navigateur ne permet pas de profiter de Pharmaid à 100%

Pour remédier à ce problème, nous vous proposons de télécharger un des navigateurs suivants

La protection solaire est-elle à risque ?

Le soleil est le principal carcinogène cutané et par là le principal facteur environnemental responsable des carcinomes cutanés et des mélanomes. Se protéger du soleil est dès lors absolument nécessaire. La composition des produits de protection solaire fait débat aujourd’hui en raison de la présence de filtres chimiques assimilés à des perturbateurs endocriniens. Le point avec le Pr Marie-Thérèse Leccia (Grenoble) dans le cadre des Journées Dermatologiques de Paris*.

10/04/2018 3:38pm

Les filtres chimiques allergisants ont en principe été retirés de la composition des produits de protection solaire. Dans ce cadre, les produits vendus en pharmacie et en parapharmacie validés par la Commission européenne font l’objet d’un marquage CE dont il faut s’assurer. Ils sont tous en principe d’une haute qualité technologique. Certains filtres chimiques ont toutefois été accusés d’être des perturbateurs endocriniens, sur base notamment d’études réalisées sur modèle animal. Ces études ont montré que ces substances étaient susceptibles de perturber la fertilité et d’être à l’origine de modifications hormonales qui pourraient favoriser la survenue de cancers hormono-dépendants. Aucun lien n’a cependant été établi chez l’homme pour l’instant. Mais les produits de protection ne sont pas seuls impliqués, car ces filtres chimiques sont également présents dans de nombreux autres produits d’usage quotidien: shampoings, gels douche, savon liquide, lessive… 
«Le risque carcinogène imputé aux produits de protection solaire appliqués quelques semaines par an est donc probablement un faux débat», affirme Marie-Thérèse Leccia, «mais il soulève en revanche la question beaucoup plus générale de la formulation des produits d’utilisation courante sur lesquels il existe à ce jour un manque de données et de recul et sur lesquels il serait légitime de réfléchir.» Le risque environnemental persiste de son côté, lié à la contamination de l’eau. Certaines études ont en effet suggéré que les perturbateurs endocriniens contenus dans les produits de protection solaire (mais pas uniquement, cf. supra), seraient responsables d’une féminisation des poissons de nos lacs et de nos rivières, menaçant à terme leur reproduction. Enfin, les filltres minéraux utilisés, qui existent sous forme de nanoparticules dans les produits de protection solaire destinés aux enfants ou aux adultes ayant une grande sensibilité cutanée, soulèvent également de nombreuses questions quant à leur totale innocuité compte-tenu du risque de passage systémique lié à l’extrême finesse de ces particules.

Des effets de mode qu’il faut mettre en perspective 

L’engouement ces dernières années pour les produits «bio», y compris dans la protection solaire, ne doit pas faire oublier les normes de sécurité imposées par la réglementation européenne. Certains produits peuvent contenir des molécules potentiellement photosensibilisantes ou allergisantes. «Dans ces conditions», souligne Marie-Thérèse Leccia, «il faut toujours vérifier la conformité des produits de protection solaire dits “bio”.»

Dans un autre domaine, l’étude SUVIMAX a clairement démontré que l’apport d’antioxydants au long cours diminue le risque de cancers cutanés chez l’homme. Mais il l’augmente chez la femme, avec un sur-risque qui disparaît à l’arrêt de la supplémentation. Si l’intérêt des antioxydants sur la protection des dégâts liés aux UV est bien établi sur des modèles cellulaires et animaux, il faut cependant être beaucoup plus prudent chez l’être humain, où le statut antioxydant reste difficile à évaluer. Cela dit, il faut garder en tête que leur consommation au long cours pourrait être délétère et accélérer la transformation de lésions précancéreuses. «Leur prise ne doit donc s’envisager qu’en cures courtes, inférieures à 3 mois», poursuit-elle, «d’autant que le risque caché d’exposition au long cours n’est pas mince chez la femme qui cumule, parfois sans le savoir, plusieurs prises d’antioxydants sur l’année: cure avant l’été pour préparer sa peau au soleil, cure en automne pour lutter contre la chute des cheveux, cure pour les jambes légères et le ventre plat en hiver…».

Enfin, le rôle carcinogène des lampes et cabines à bronzer est désormais bien établi par l’Organisation Mondiale de la Santé. On ne prépare en effet jamais sa peau au soleil en l’exposant aux UV, mais on favorise bien au contraire l’apparition de lésions potentiellement mutagènes qui feront le lit du cancer.

Malgré l’ensemble des questions soulevées par les produits de protection solaire, se protéger du soleil reste une priorité absolue compte tenu du rôle nocif aujourd’hui bien établi des UV sur notre peau.

Que retenir?

Malgré l’ensemble des questions soulevées par les produits de protection solaire, dont beaucoup restent aujourd’hui sans réponse, se protéger du soleil reste une priorité absolue compte tenu du rôle nocif aujourd’hui bien établi des UV sur notre peau. L’éviction solaire, notamment aux heures chaudes de la journée (12h-16h), reste la meilleure façon de protéger les enfants ou de se protéger, en particulier en cas de phototype clair, d’antécédent de cancer cutané, de photodermatose ou de traitement immunosuppresseur ou photosensibilisant.

*Journées dermatologiques de Paris, 13-16 décembre 2017

Dr Dominique-Jean Bouilliez 

Source: Pharma Sphere