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Mieux vaut prévenir que guérir

La période automnale est propice à la vaccination contre la grippe. Si celle-ci fait généralement l’objet de toute l’attention qu’elle requiert, la vaccination contre le pneumocoque, par contre, n’éveille pas toujours l’intérêt souhaité. Elle diminue pourtant de manière significative le risque d’infection pulmonaire invasive, chez les sujets sains entre 65 et 85 ans, en cas de comorbidité et chez les malades à risque. Le moment est probablement venu d’y (re)penser.

10/11/2017 12:30pm

Les limites de l’antibiothérapie
Nul n’ignore les conséquences majeures des infections invasives à pneumocoques. Rappelons-les en mentionnant que 42% des patients admis en raison d’une infection de ce type aboutissent aux soins intensifs (1). Parmi ces sujets, 22% ont toujours des symptômes persistants et 2% sont décédés un mois après avoir quitté l’hôpital. Ajoutons que le taux de mortalité des bactériémies à pneumocoques est de 20% chez les plus de 65 ans et de 40% chez les plus de 85 ans (2). S’y ajoute le problème de la résistance aux antibiotiques. Ainsi, en 2013, une diminution de la sensibilité à la pénicilline était décrite dans 10,8% des cas tandis que le taux de résistance aux tétracyclines était de 23,8%. Le taux de résistance à l’érythromycine était lui de 24,1%, avec une résistance croisée quasiment complète pour tous les néo-macrolides et la clindamycine (2). Même avec des soins intensifs et des traitements antibiotiques performants chez ces patients hospitalisés, leur mortalité reste importante. Autant de constatations qui soulignent l’importance de la prévention par la vaccination, vaccination dont l’efficacité est établie (3).

Qui vacciner?
La vaccination contre le pneumocoque est recommandée chez tous les sujets sains âgés de 65 à 85 ans. Elle l’est également entre 50 et 85 ans, chez les sujets qui présentent une comorbidité, principalement une maladie chronique, pulmonaire, cardiovasculaire, hépatique ou rénale, ainsi que chez les fumeurs. La vaccination
contre le pneumocoque chez les sujets avec antécédents cardiovasculaires suscite aujourd’hui un intérêt particulier. Chez les patients souffrant d'une pneumonie, le risque de complication cardiaque augmente de 39% s'il s'agit d'une pneumonie à pneumocoques. Le risque de complication cardiaque suite à une pneumonie se voit triplé chez les personnes souffrant d'une maladie cardiaque chronique (3). Une revue systématique de la littérature montre que la vaccination contre le pneumocoque diminue de 17% le risque de syndrome coronarien aigu (4). L’étude CAPiTA, multicentrique, randomisée et contrôlée par placebo, montre que la vaccination avec le vaccin 13-valent conjugué contre les pneumocoques diminue de façon significative les pneumonies à pneumocoques chez des personnes présentant des maladies chroniques cardiovasculaires (5). Enfin, dans la catégorie des patients à haut risque, notamment en cas d’asplénie, d’infection par le VIH, d’un déficit immunitaire ou d’un implant cochléaire, la vaccination anti-pneumococcique est recommandée dès l’âge de 19 ans et jusqu’à 85 ans.

Quel schéma?
Chez les sujets qui n’ont pas encore été vaccinés, il est conseillé de commencer par le vaccin conjugué à 13 valences (Prévenar 13®, PCV13), suivi, après minimum 8 semaines, par le vaccin polysaccharidique à 23 valences (PPV 23). Pour ceux qui ont déjà été vaccinés par PPV 23, une deuxième injection, avec le Prévenar 13®, est indiquée après 1 an ou plus. Ensuite, aucun rappel n’est recommandé chez les individus sains âgés de 65 à 85 ans et chez les plus de 50 ans avec une comorbidité. Chez les malades à haut risque, un rappel avec le PPV 23 est conseillé tous les 5 ans.

Idées fausses
Si l’intérêt de la vaccination contre la grippe est connu de tous, l’importance accordée à la vaccination contre le pneumocoque demeure insuffisante: 39% des individus pensent que la pneumonie relève uniquement de l’antibiothérapie et qu’il n’existe aucun moyen de la prévenir (6). La vaccination anti-pneumococcique n’est par ailleurs
pas toujours proposée par les soignants (6). Plusieurs initiatives sont prises pour pallier cette lacune: campagnes de sensibilisation dans la presse grand public et dans la presse médicale, spots télévisés, visites de délégués médicaux, campagnes d’information auprès des pharmaciens menées en collaboration avec l’APB (Association pharmaceutique belge), multiples échos dans les réseaux sociaux…Tous ces moyens peuvent aider les professionnels de la santé dans leur mission d’information et d’éducation. Les groupes cibles du vaccin contre le pneumocoque et du vaccin contre la grippe étant largement superposables, pourquoi ne pas profiter de la période de vaccination antigrippale pour prémunir les patients concernés d'une infection à pneumocoques?

*PPV23: vaccin polysaccharidique à 23 valences.

Source: Pharma-Sphère


Références
1. Verhaegen J et al. Eurosurveillance,07 August 2014.Volume 19, Issue 31
2. Conseil Supérieur de la Santé, Vaccination antipneumococcique – adultes (2014) (CSS 9210)
3. Viasus D. et al. Journal of Infection. January 2013,Volume 66, Issue 1
4. Ren S et al. Open Heart 2015;2 (1)
5. Huijts SM et al. Vaccine. 2017;Volume 35, Issue 34
6. Ipsos Healthcare PneuVUE® report: A new view into pneumonia among older adults – 2016