Avant tout, bien expliquer ce que signifie «détox»
Lorsque les émonctoires (reins, intestins, poumons, peau) ne parviennent plus à éliminer les toxines, celles-ci perdurent dans l’organisme, pénètrent les cellules et perturbent les rouages biologiques avec plusieurs conséquences: dyspepsie, fatigue, système immunitaire affaibli. Le but d’une cure détox n’est donc pas de maigrir – comme on peut souvent entendre au comptoir – mais bien de débarrasser l’organisme des toxines accumulées suite, par exemple, à des excès alimentaires. La «détox» ne peut se limiter à 1 jour ou 1 semaine de jeûne. Elle ne peut être que régime de soupe ou de jus. Pour qu’elle ait un intérêt sur le long terme, il faut qu’elle soit associée à une bonne hygiène de vie: avoir une activité physique régulière, dormir suffisamment, arrêter de fumer, gérer son stress…
Rappeler les conseils de bons sens!
Si votre patient décide de suivre une cure détox, il faut lui rappeler qu’il n’est pas question de se priver de tout ou de jeûner comme un moine, mais qu’il doit retrouver une hygiène de vie saine.
• Favoriser une alimentation en fruits et légumes crus ou cuits à basse température.
• Réduire la quantité de protéines animales à 150g par jour, en privilégiant les œufs, les viandes maigres et les poissons.
• Cuisiner à l’huile d’olive, penser également aux huiles de noix, de lin, de chanvre, de sésame, pour leur bonne teneur en acides gras polyinsaturés.
• Boire suffisamment, de préférence de l’eau, mais aussi des boissons vitaminées telles que les jus de fruits et de légumes. Les adeptes de la forme ne jurent que par les élixirs riches en antioxydants. Une règle importante à rappeler: mélanger au moins 40% de légumes aux fruits pour un apport calorique réduit. Les aliments à privilégier: la pomme, la grenade, le cranberry, le chou kale, le concombre et le fenouil.
• Dormir suffisamment.
• Pratiquer une activité sportive.
• Miser sur les super-aliments: ils se distinguent par leur teneur exceptionnelle en nutriments indispensables. Parmi eux, on trouve les baies de goji ou d’açai, les graines de chia, le ginseng, le curcuma. Mais aussi les algues, comme la spiruline ou la chlorella, une algue d’eau douce originaire d’Asie, riche en chlorophylle, qui piège les métaux lourds contenus dans l’organisme.
Conseiller une cure de phytothérapie
Le choix de la plante est guidé par la plainte du patient et sa constitution. Elles seront conseillées seules ou en association et ont plusieurs fonctions:
• augmenter la production de bile, avec des actifs aux propriétés cholagogues (facilitant l’évacuation de la bile) et cholérétiques (facilitant la production de sels biliaires): boldo, artichaut, curcuma et fumeterre;
• augmenter la motricité digestive
• drainer le rein: chicorée, bruyère, bouleau et pissenlit
La racine de radis noir (Raphanus sativus) contient des glucosinolates, principes actifs soufrés, cholagogues et antispasmodiques. Elle favorise le drainage hépatique et biliaire, favorise l’élimination des déchets et des toxines, et améliore la lenteur digestive ou la pesanteur après les repas. Elle peut être recommandée après un excès alimentaire ou lors des modifications de régime liées au changement de saison. Cette plante est contre-indiquée en cas de calculs biliaires.
La feuille d’artichaut renferme de la cynarine, composé phénolique amer et aromatique, actif cholérétique, qui augmente la sécrétion biliaire. Des stérols, du magnésium et du potassium agissent également en synergie. Son efficacité dans le traitement des dysfonctionnements hépato-biliaires et digestifs (lourdeurs, dyspepsie, nausées) est établie. La feuille semble par ailleurs jouer un rôle protecteur sur les cellules hépatiques exposées à diverses toxines. Du fait de leur action sur la vésicule, elle ne doit pas être prise en cas de calculs biliaires.
En plus d’être diurétique, la fumeterre (parties aériennes fleuries) aide à régulariser les troubles intestinaux d’origine biliaire. La plante est amphocholérétique, c’est-à-dire qu’elle augmente la sécrétion biliaire uniquement lorsque celle-ci est insuffisante, et est sans effet lorsque la sécrétion est normale. Elle agit également sur la bonne évacuation de la bile, cette action étant également complétée par une action spasmolytique.
La silymarine (mélange de flavanolignanes) du fruit de Chardon-Marie protège le foie par trois mécanismes d’action: inhibition de la pénétration des toxines dans la cellule hépatique, action anti-radicalaire et inhibition de la peroxydation des lipides membranaires. Le Chardon-Marie est traditionnellement utilisé dans le traitement symptomatique des troubles fonctionnels digestifs attribués à une origine hépatique.
Le charbon végétal activé obtenu par carbonisation de coques de noix de coco devient très poreux et possède donc une grande capacité d’adsorption. Parfaitement toléré, il reste dans le tube digestif après ingestion. Il va pouvoir ainsi fixer localement non seulement les gaz produits par la fermentation de certains aliments, mais aussi les bactéries qui produisent ces gaz. Le charbon végétal s’utilise lorsque des ballonnements accompagnent des digestions difficiles. Il peut aussi être conseillé en cas de diarrhée. Une utilisation à doses élevées peut entraîner une coloration plus foncée des selles. Il est important d’insister auprès du patient que le charbon végétal doit être pris à distance des repas et des médicaments (2 heures) car il en diminue l’absorption intestinale.
Mais aussi…
La feuille de boldo, riche en boldine est à la fois cholérétique et cholagogue. Son utilisation permet une meilleure digestion des repas copieux et une accélération du transit. La racine de pissenlit est un dépuratif global dont l’action diurétique permet de nettoyer l’ensemble de l’organisme, sans effet indésirable. Les graines d’angélique (Angelica archangelica), les graines de fenouil (Foeniculum dulce) et les feuilles de mélisse (Melissa officinalis) sont anti-aérophagiques et antispasmodiques. Tonique et anti-infectieux, le romarin soulage les digestions difficiles, stimule la vésicule biliaire et régénère le foie. Cette polyvalence en fait une plante idéale pour accompagner les excès et la fatigue. Elle est contreindiquée chez les femmes enceintes.
Les deux huiles essentielles incontournables de la détox
Très polyvalente et parfaitement tolérée, l’essence de citron bio est un excellent stimulant hépatopancréatique, parmi d’autres propriétés. A conseiller à la posologie de 2 gouttes, 3 fois par jour sur un support neutre (miel, sucre de canne, huile végétale). Ne pas utiliser pendant la grossesse et l’allaitement, ni chez l’enfant de moins de 3 ans.
L’huile essentielle de romarin verbénone stimule les émonctoires. A conseiller à la posologie de 2 gouttes, 3 fois par jour sur un support neutre (miel, sucre de canne, huile végétale). Ne pas utiliser pendant la grossesse et l’allaitement, ni chez l’enfant de moins de 3 ans
Source: Pharma-Sphère
Stinne Robeyns